top of page
 

Au seuil de la mort

« Vous êtes au seuil de la mort », me dit mon toubib. On est toujours au seuil de quelque chose mais tout de même, au seuil de la mort, il venait de franchir un palier. Après tout, cela peut arriver à tout le monde de se trouver à un seuil. D’ailleurs, pourquoi à moi et pas à lui ? J’ai voulu pallier cette injustice, alors je l’ai tué. Si j’étais au seuil de la mort, lui venait de le franchir ../...

Carnet d’oublis

Ce matin, une pensée m’est venue, comme ça d’un coup. Je n’ai même pas eu le temps de regarder d’où elle m’arrivait, que je l’avais déjà oubliée. D’habitude, quand une pensée me vient, je la note aussitôt dans mon carnet de pensées.

La mémoire des pensées, ça rapporte. Avant le carnet, j’avais tout essayé. Les nœuds à mon mouchoir, ça lui donnait un aspect laineux, les entailles à l’écorce des arbres, mes pensées devenaient des idées fixes, des mots en craie sur une ardoise, ça faisait dette mémorielle. Alors je me suis mis au carnet, comme d’autres au cornet, pour des notes emportées. Mais pas n’importe quel carnet. Surtout pas un bloc-notes, sa version désincarnée. Ni un carnet à spirales qui fait revenir les pensées en boucles ../...

Le grand retour

Sans départ, point de retour. Alors je pars car revenir, moi j’aime ça. Mais ce n’est pas sans risque.

Je connais des gens qui ne sont jamais revenus. C’est dire qu’ils étaient bien partis. On me dit souvent ça, « Continue, tu es bien parti ! » et je n’en reviens jamais. Alors je continue de partir. Jusqu’au moment où je ne pars plus puisque je suis parti. Où est la limite ? me demanderez-vous. Je vous réponds sans détour que tant que l’on peut vous retenir c’est que vous partez. C’est aussi simple que cela. Et je ne me retiens pas moi-même d’ajouter que dans le cas contraire, vous êtes parti.

Un jour, je n’arrivais plus me défaire de quelqu’un. J’ai hurlé si vous me retenez, je pars. La menace n’avait aucun sens, je sais ../..

Tango tango

Un dimanche soir au club Ciencia y Labor de Buenos Aires. La salle est pleine à craquer à l’occasion de la floreal milonga. Marcelo, le maître des lieux demande d’accueillir chaleureusement Carlos et Rosita Perez, deux légendes vivantes du tango, celui que l’on dansait dans les années trente. Nul besoin de les présenter, tous les connaissent dans la ville et même bien plus loin. À peine a-t-il terminé sa phrase que déjà une cascade d’applaudissements s’abat sur la salle ../..

R contemporains

« La porte ! ».

Je suis Roger Ridéser, cerbère au forum d’R contemporains où sont révélées des réalisations révolutionnaires dont la référence, rondement rapportée rappelle la résonnance rauque et rocailleuse du R. Mon rôle ? Être sévère avec les rôdeurs qui errent sans refermer la porte. Cela me réduit à un repérage régulier de roublardises. En réalité, je ne râle en rien. Le forum d’R contemporains, entre Rennes et Redon, est un régal récréatif érigé récemment par un riche roturier réunionnais qui se régalait à rouler les R en racontant des récits romanesques. 

Lettre commandée

La lettre de mes rêves, je la recevrais un matin de printemps comme aujourd'hui. Le facteur aurait donné le petit coup de sonnette rituel avant de la glisser sous la porte. Faussement calme, j’irais la cueillir sans attendre.

La lettre de mes rêves ? .... à suivre ...

© 2022 par Stan Dell

bottom of page